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La noirceur de l'âme chapitre 1 Partie 3

Le lendemain, la journée commença avec une épreuve de magie. Celle-ci ne fut pas très longue, car il n'y eut que deux participants, l'un semblait être un akashique, un être capable de prendre l'énergie de l'éther pour manipuler les quatre éléments et pour créer des armes d'énergie pure. L'autre semblait être une Foudroyeur, c'était une caste de sorciers manipulant uniquement la foudre et le feu. Puisqu'il n'y avait que deux candidats, le choix ne fut pas difficile. Une autre épreuve débuta peu de temps après. Il fallait respecter une limite de temps d'environ dix minutes par participant, et puisqu'il y en avait beaucoup, l'épreuve allait durer toute la journée. Les concurrents allaient devoir effectuer une course à obstacles regroupant un circuit à relais, des sauts en longueurs et en hauteurs ainsi qu'un équipement d'acrobatie. Le circuit étant assez étendu, il occupait une grande partie de la place publique. À la fin de la journée, toutes les épreuves étaient terminées. Celles-ci furent d'ailleurs plus longues que ce à quoi s'attendait Gwenaëlle. La magicienne allait maintenant annoncer les vainqueurs lorsqu'un événement insolite attira son attention.

Elle avait remarqué du coin de l'œil un éclat, comme le soleil se reflétant sur quelque chose. Elle tourna la tête et vit une charrette de bois standard tirée par un cheval, qui s'était renversée, probablement lors des jeux de la journée. Cela s'était passé au coin d'une échoppe, loin des jeux,

 

Les gens sont tellement absorbés par les jeux qu'ils n'ont rien entendu, alors voir quelque chose, cela aurait été surprenant , pensa la jeune enchanteresse.

 

Soudain, un nouvel éclat éblouit les yeux de la magicienne. C'est à ce moment-là qu'elle les vit.

Deux jeunes enfants, prenaient soin des gens et des animaux blessés par l'incident. Gwenaëlle fut impressionnée de voir qu'une puissante lumière émanait d'eux. En regardant plus attentivement, elle remarqua qu'il s'agissait d'une fillette et d'un garçon. La jeune fille était agenouillée près d'une victime et illuminait ses paumes d'une couleur doré en les appliquant sur les blessures. Le jeune jouvenceau, pour sa part, récitait un genre d'adjuration en faisant illuminer le corps de la personne blessée. Celle-ci, une fois le processus terminé, n'avait plus une seule égratignure sur le corps et c'est surpris et reconnaissante qu'elle repartait vers sa famille. La magicienne se dirigea vers une taverne non loin de l'incident, oubliant momentanément les vainqueurs des épreuves, et observa les deux jeunes prodiges. Il y avait beaucoup de personnes impliquées dans l'accident de la charrette, malgré le fait que celui-ci semblait plutôt minime. Il y avait deux ou trois personnes dans les pommes, deux avec quelques égratignures et un fermier et sa femme qui étaient plus atteints, avec plusieurs égratignures aux bras et aux jambes ainsi que des ecchymoses. Dès qu'ils eurent terminé leur soin, Gwenaëlle alla à leur rencontre.

 

— Vous êtes doués dites donc, où avez-vous appris à soigner comme cela ? demanda la jeune femme.

— Je ne vous connais pas, ma mère m'a toujours dit de ne pas parler avec les inconnus, s'exclama le jeune garçon.

 

Pourtant tu viens de soigner plusieurs inconnus sans la moindre hésitation , pensa Gwenaëlle.

 

— Nous sommes leurs parents, s'exclama une femme mince qui sortait de la foule, accompagnée de près par une femme plus rondelette.

— Nous nous sommes occupés des personnes qui ont perdu connaissance pendant que nos enfants soignaient les autres. Ils tiennent cela de leurs pères, s'exclama l'imposante dame arrivée en deuxième. Je suis la mère du jeune Adrian, s'exclama-t-elle.

— Et moi celle de Camélia, renchérit la plus mince des deux.

— Et où sont les pères ? Interrogea la magicienne, j'aimerais m'entretenir avec eux au sujet des dons de vos enfants ?

— Il... il n'y en a pas... commença la mère de Camélia.

— Ils n'ont pas de père, nous sommes tombées enceinte miraculeusement, par la volonté des dieux. Nous avons cependant inventé une histoire sur leur père pour qu'ils aient un modèle à suivre.

— Oh je vois, s'exclama la magicienne.

 

Gwenaëlle regarda attentivement les deux femmes et comprit rapidement que les deux pères étaient décédés sur le champ de bataille. C'était un mensonge qui leur permettait de supporter leur peine. En les regardant de plus près, la magicienne admit que les deux mères semblaient plutôt robustes, malgré un signe de pauvreté flagrant, des cheveux longs et un peu en bataille. Elles avaient un regard franc et semblaient généreuses. La magicienne poussa son examen plus loin en sondant l'âme de ces interlocutrices, qui ne sentirent pas l'intrusion mentale. Les deux mères ne voulaient que le bonheur de leur enfant respectif. L'observation ne prit que quelques secondes. Cependant, en analysant les mères, Gwenaëlle s'exclama :

 

— Je n'ai pu m'empêcher de remarquer que vos deux enfants sont très doués pour la magie de guérison. J'aimerais savoir, accepteriez-vous que vos enfants étudient ici, au château, demanda la magicienne, je pourrais leur enseigner comment utiliser au maximum leurs dons.

 

Les deux mères se regardèrent et ne prirent pratiquement pas le temps de réfléchir. Une lueur d'un espoir longtemps attendu dans les yeux.

 

— Nous acceptons, s'exclamèrent les mères d'une même voix.

— Cependant, ce n'est pas à nous qu'il faut s'adresser, poursuivit la mère d'Adrian en jetant un coup d'œil à celui-ci.

Gwenaëlle sourit devant la sagesse de la femme. Elle avait raison, malgré le fait qu'ils étaient jeunes, ces deux enfants devaient accepter d'eux-mêmes.

— Qu'en dites-vous les enfants, aimeriez-vous venir vivre dans le château ?

— Est-ce que ma maman peut rester avec moi ? demanda Camélia.

— Je ne crois pas que le roi y vois un problème ma chérie, tu vas voir, je vais le convaincre, dit la magicienne, sûre d'elle.

— Moi, je veux suivre les traces de mon père, s'exclama Adrian, je veux être aussi brave que lui !

— Eh bien, en voilà un qui est déterminé, sourit la jeune magicienne.

 — Nous avions tant espéré qu'ils se qualifient dans les épreuves de magie, s'exclama la mère d'Adrian.

— Mais ils ont préféré venir soigner les blessés ici plutôt que de participer. C'est une chance inouïe pour eux, de vivre une meilleure vie que celle qu'ils ont actuellement. Nous pouvons à peine leur donner de quoi manger, termina la mère de Camélia.

 

Gwenaëlle sautait littéralement de joie. Leurs dons étaient puissants, elle pouvait le sentir juste en effleurant l'esprit des deux petits avec le sien.

 

— Je peux vous faire la promesse, s'exclama la jeune femme aux deux mères, qu'ils seront bien éduqués, bien nourris et qu'ils deviendront de prodigieux guérisseurs. Si vous le souhaitez, je peux demander au roi pour que vous restiez. Vous pourriez être servante au château, le roi ne devrait pas y voir d'inconvénient.

 

Les deux femmes n'en revinrent pas. Elles allaient enfin pouvoir enlever leurs enfants de la misère dans laquelle ils se trouvaient. Elles acceptèrent la proposition avec joie.

 

« Bien, maintenant que c'est réglé, il serait peut—être bon d'annoncer les vainqueurs », pensa Gwenaëlle.

 

— J'aimerais continuer de discuter avec vous, mais le devoir m'appelle, excusez-moi, dit alors la magicienne.

 

Elle tourna les talons et se dirigea vers l'estrade, qui avait été érigée la journée même, pour l'annonce des élus. Un héron fut envoyé pour prévenir le roi que le moment était venu. Uthgard, grand souverain de Tarvath, arriva quelques minutes plus tard, suivit de son cortège de fonctionnaires. Il paraissait plus majestueux que jamais dans sa grande robe de cérémonie argentée et noire, une magnifique coiffe métallique et dorée, sertie d'un seul onyx en son centre lui serrant la tête, une aura lumineuse et chaleureuse semblant l'entourée. À son arrivé, la foule commença à l'applaudir et à l'acclamer. Le roi en personne leur faisait l'honneur de sa présence. Il leva les bras pour calmer l'ovation qui avait commencé lors de son arrivé et s'exclama :

 

— Je m'adresse à vous, peuple de Tarvath, car ce jour est un moment unique. Ce jour mémorable est celui où dix jeunes enfants ont été choisis pour former une élite qui nous protégera contre d'éventuel malheurs en ces jours de paix.

 

Uthgard se tut et patienta alors que la foule l'acclamait de nouveau. Tous savaient pourquoi cette élite était créée... du moins, c'est ce qu'ils croyaient tous. Le monarque leva les mains et continua :

 

— Cette élite aura l'honneur de nous protéger dans les jours les plus sombres et veillera à ce que notre paix perdure.

 

Le souverain fit une courte pause. Devait-il dire la vérité ou bien devait-il laisser son peuple dans l'ignorance. Choisissant la solution qui lui semblait la plus juste, il s'exclama :

 

— Peuple de Tarvath, je me dois d'être franc et honnête. Cette élite servira à nous protéger contre une menace qui nous a été révélée par les Dieux.

 

Le roi fit une petite pause. La foule semblait en colère d'avoir été mis à l'écart de cette information. Uthgard reprit:

 

—Ne vous en faites pas, cette menace n'est pas imminente et est encore loin. Retournez chez vous en paix. La situation est loin d'être alarmante et ce n'est que par simple prévention que nous montons cette équipe.

 

Le roi se tut sous une nouvelle foule d'acclamations. Comme si le fait qu'il n'avait annoncé aucun vainqueur n'avait aucune importance. Le souverain salua son peuple puis retourna au palais, son cortège derrière lui, laissant la place à Gwenaëlle. Elle avait réussi, son plan semblait merveilleusement bien fonctionner. La magicienne était folle de joie.

 

 — Maintenant, les vainqueurs. Je demande à Adrian et Camélia, nos nouveaux guérisseurs, de s'avancer. Je demande également à nos nouveaux guerriers Briac et Lana, nos nouveaux archers Rose et Wyatt, nos nouveaux arcanistes Dylan et Nora ainsi que nos nouveaux espions Killian et Allana de les rejoindre. Pour les autres, nous vous remercions pour votre déplacement et vous souhaite un bon voyage de retour.

 

Une exclamation de frustration se fit entendre dans la foule. La magicienne ne s'en préoccupa pas.

 

—Je vous remercie d'être venu en si grand nombre et vous invite à retrouver le confort de vos foyers.

 

Sans plus de révérence, Gwenaëlle descendit de l'estrade et alla rejoindre les dix élus et leur famille, qui attendait patiemment à l'intérieur du palais. Ceux-ci avaient été récupérés par des hérauts du roi.