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La noirceur de l'âme chapitre 1 Partie 4

Killian courait à en perde haleine. Cela faisait quatre ans qu'ils avaient commencé leur entraînement et Killian connaissait les moindres recoins des corridors inférieurs du grand palais. Ceux-ci ressemblaient à un véritable labyrinthe. Ils se croisaient de telles sortes qu'on pouvait facilement se perdre si on ne connaissait pas les lieux. Il ignorait pourquoi il courait de la sorte, tout ce qu'il savait, c'était que plusieurs personnes le pourchassaient. Soudain, le bruit sourd d'un vase se fracassant sur le sol se fit entendre. Killian regarda par-dessus son épaule et vit quatre ombres se profiler sur le mur du couloir. Il tenta d'accélérer, hésitant entre la frayeur et l'incertitude. Après tout, il ne savait pas qui cela pouvait bien être. Cependant, il était déjà à bout de souffle. Il bifurqua soudainement dans un couloir adjacent au sien et se retourna. Il aperçut les quatre formes indistinctement et devina que celles-ci le poursuivaient. Sans trop demander son reste, il reprit sa course, se dirigeant vers les catacombes du palais.

 

Je vais pouvoir me cacher là-dedans, il y a plusieurs endroits sombres où ils ne pourront pas me voir pensa Killian.

 

Après encore quelques minutes de course, Killian arriva en vue de la grande porte du Tombeau des Rois. Celle-ci était verrouillée ! Derrière lui, des bruits de pas se firent entendre. En désespoir de cause, éreinté et essoufflé, il plongea la main dans le chemisier de cuir souple qu'il portait, bien décidé à défendre chèrement sa vie et lança deux aiguilles enduites d'un poison paralysant vers le passage adjacent.

Adrian et ses camarades pourchassaient Killian à la demande de la magicienne et non pour le plaisir. En courant, le jeune homme ne put éviter un vase qui se fracassa sur le sol. Le bruit résonna partout dans le couloir, faisant comprendre à Killian que ses poursuivants se rapprochaient. Après quelques minutes de course folle, ils stoppèrent au coin d'un mur et attendirent. Ils se regardèrent et le jeune guérisseur fit le premier pas, avant de se faire pousser au sol par Wyatt.

 

— Non, mais ça ne va pas ! Killian, tu aurais pu le tuer ! s'exclama Wyatt en regardant les deux aiguilles sur le sol, derrière Adrian.

— Du calme Wyatt, elles étaient empoisonnées avec un paralysant, s'exclama Killian d'un ton nonchalant, et puis, je peux savoir pourquoi vous me poursuivez comme ça ? À quoi vous jouez ? demanda le jeune espion.

 

Adrian resta au sol sans dire un mot, jugeant qu'il était préférable de ne rien dire.

 

— Mais quel imbécile tu fais Killian ! Tu es stupide; un vrai crétin ! cria Briac furieux, pourquoi est-ce que tu utilises un poison pour te défendre ?

— Pour la même raison que tu utilises une paire de gants pour te battre, s'exclama Killian.

— Du calme, intervint Adrian, il n'y a pas mort d'homme, vous pouv...

— Toi l'avorton la ferme ! Le coupa Briac.

 

Adrian courba l'échine et ne dit plus rien. De tous les garçons, Briac était le plus impulsif du groupe et avait tendance à insulter tout le monde. Il ne le faisait pas toujours par méchanceté, mais parfois cela devenait blessant. Il était vêtu d'un justaucorps en cuir noir qui moulait parfaitement ses muscles. Il avait des cheveux courts et noirs, des yeux gris acier et un visage sévère. Il possédait également une paire de gants cloutés, hérissé de pointe qui lui permettait d'infliger beaucoup de douleurs à ses adversaires. Il les enfila avec empressement tant il était hors de lui.

 

— Je suis désolé Adrian, s'exclama Killian.

— Imbécile ! L'invectiva Briac.

— Bon, je me suis excusé, alors ne commence pas, d'autant plus que je ne savais pas qui ou quoi me poursuivait, ce n'est pas tous les jours qu'on se fait poursuivre par un gorille sans cervelle, se moqua l'assassin en regardant Briac droit dans les yeux.

 

Le jeune homme aimait beaucoup provoquer son colérique ami.

 

— Répète un peu, s'exclama l'intéressé.

 

Killian regarda Briac de ses yeux verts émeraude et sortit deux dagues de sa veste sans manches, montrant par ce fait même ses bras musclés et nus et son tatouage, trois triangles entrelacés signifiant « le nœud des occis », aussi appelé un Valknut, représentant son funeste clan. Le jeune homme sentait que la brute épaisse qui se trouvait face à lui allait bientôt passer à l'action. La tension était palpable. Killian et Briac allaient se sauter à la gorge lorsqu'une puissante rafale propulsa le guerrier contre le mur et cloua l'assassin sur le sol, l'étendant de tout son long. Tous les regards se tournèrent vers Dylan, un akashique. Celui-ci haussa les épaules et fit signe qu'il n'était pas responsable de cette soudaine intervention. Des bruits de pas se firent alors entendre derrière les jeunes adolescents qui se retournèrent. Ils virent leurs maîtres avancés, accompagnés de la magicienne. Gaël, le maître-espion d'Killian, s'approcha de son disciple et s'exclama :

 

— Bravo jeune homme, tu as eu de bons réflexes et un bon synchronisme, mais il va falloir retravailler ta précision.

— Excellents réflexes Wyatt, tu as vu ces aiguilles au bon moment, le complimenta son maître-archer, Brennan.

 

Pour tout compliment, le guerrier qui entraînait Briac, Kiril, lui donna une taloche derrière la tête et le regarda d'un air sévère. Ce n'était pas digne d'un véritable guerrier que de perde ainsi son sang-froid. Kean, akashique et mentor de Dylan, ne pipa mot. Ilian, en tant que médecin, s'assura que tout le monde allait bien avant de se diriger vers Adrian pour l'aider à se relever. Il le regarda avec bienveillance.

 

— J'espère que tu n'as pas trop mal, dit-il d'un ton ironique en souriant.

 

Adrian le regarda d'un air agacé et lui emboita le pas en silence.

 

— Je dois avouer que je suis très déçue par votre comportement, en particulier Briac et Killian... perdre votre sang-froid de la sorte n'est pas digne des défenseurs du roi ! Cet exercice servait à tester vos réactions dans une chasse à l'homme et vous avez tous échoué... sans exception, s'exclama Gwenaëlle.

 

Briac baissa la tête pour éviter le regard inquisiteur de la magicienne. Les autres l'imitèrent sans dire un mot. La jeune femme observa à tour de rôle les jeunes adolescents devant elle. Cinq ans s'étaient écoulés depuis leur arrivée au château. Ils faisaient beaucoup d'efforts et progressaient rapidement. Toutefois, elle devait rester sévère avec eux, désirant une bonne équipe pour ses desseins à venir. L'entraînement qu'elle leur avait demandé de pratiquer était un échec. Elle tourna les talons sans montrer sa déception et se dirigea vers un couloir dissimulé près de la porte et qui menait à l'entrée du palais. Les maîtres et leurs apprentis sur ces talons.

***

Au même moment, dans la cour du palais, Nora évitait les deux dagues que lui avait lancées Allana et riposta avec un fouet enflammé. Contrairement à Dylan, la jeune fille n'était pas une akashique, mais une Foudroyeur. Pour le moment, elle n'était capable que de créer un fouet de feu électrifié de couleur rose pâle et un bâton composé de la même énergie. Elle s'entrainait d'arrache-pied pour être en mesure de créer autre chose qu'une cravache et une perche pour se défendre. Allana évita le coup en roulant sur le côté et se releva en position défensive, face à Nora. Les deux jeunes adversaires se regardèrent dans les yeux et continuèrent leur entraînement.

Un peu plus loin, Camélia, assise en retrait, attendait patiemment que quelqu'un soit blessé parmi les quatre jeunes femmes qui s'entrainaient. Malgré ses capacités au corps à corps, elle supportait mal la violence. Soudain, une bourrasque dévia une des flèches que Rose avait décochées et la dirigea vers Allana. Celle-ci avisa la flèche du coin de l'œil, l'attrapa et la cassa entre ses doigts.

 

— Fais attention ! Sais-tu combien de temps cela prend pour en fabriquer une ? demanda Rose, indignée.

— Ah ! Arrête un peu ! Comme si tu avais besoin d'autant de flèches, s'exclama Allana de manière dédaigneuse.

 

L'impulsive archère encocha une flèche et tira. Les réactions de Nora et de Lana furent immédiates. La Foudroyeur donna un coup de fouet sur la flèche pour protéger Allana et Lana frappa Rose si violemment que celle-ci perdit connaissance. Camélia courut vers la jeune blessée et commença à la traiter, illuminant ses paumes pour soigner la blessure sanglante créée par le coup de poing.

 

— Désolé Rose, je ne voulais pas te blesser, s'exclama Lana.

— Tu manies une masse pauvre idiote, tu t'attendais à quoi ! Cracha l'intéressée, recouvrant lentement ses esprits grâce à Camélia.

— Ta blessure n'est pas trop sérieuse, se prononça Camélia, laisse-moi quelques secondes et arrête de bouger.

— Je tiens seulement à te préciser que je t'ai frappé avec mon poing, pas avec ma masse. Rose foudroya sa camarade d'un regard noir.

— Voilà, j'ai terminé, s'exclama Camélia.

 

Rose poussa la guérisseuse hors de son chemin, se releva et s'éloigna d'un pas furibond. Les trois autres soupirèrent devant la fougue et l'orgueil démesuré de leur amie. Cela devenait vraiment pénible de la supporter, mais les cinq guerrières avaient noué de puissants liens, tout comme les garçons et entretenaient une rivalité farouche avec ceux-ci. Cela ne les empêchait pas de s'entraider en cas de besoin. D'un commun accord, les quatre jeunes filles emboitèrent le pas de Rose, qui se réfugiait dans sa cachette secrète, l'archerie du château. Celle-ci se situait à l'est de la forge, devant le palais. Raisonnée cette orgueilleuse archère n'allait pas être une mince affaire.